Hier

Hier

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Hier je me suis laissée emporter par un livre jusque dans les nuages
je ne suis pas encore retombée de ce ravissement céleste !

voici l’auteur de mon rapt délicieux :

Marc Pautrel

La vie princière

J’avais beaucoup aimé de cet écrivain son étude de la jeunesse de Blaise Pascal et celle de la vieillesse de Chardin, cette fois je suis éblouie pour ce très court roman autour du phénomène amoureux.

C’est l’anatomie très délicate et approfondie d’un coup de foudre

Un amour naissant aussitôt contrarié dans l’oeuf par un mot : compagnon.

Un homme qu’on suppose jeune fait la rencontre d’une femme qu’on sait trentenaire, et qui lui dit d’emblée qu’elle a un compagnon.

Respect de l’autre, admiration, grâce, noble retenue des sentiments, des gestes et des mots, passion grandissante mais toujours contenue.
On plonge dans ce qui n’existe plus aujourd’hui, l’amour courtois, la maîtrise des instincts, le savoir ne pas …

On devine la fin (je ne la dis pas) mais elle est si belle et révélatrice … on pense à mademoiselle de Chartres
qui épouse monsieur de Clèves. On découvre dans le personnage du narrateur monsieur de Nemours, amoureux transi de la princesse.
L’amour donne des ailes, monsieur de Nemours saute par dessus les sièges avec grâce et légèreté pour rejoindre la princesse, de même le narrateur grimpe la colline sans effort, transporté par son élan amoureux.

On ferme le petit livre dans un sentiment ébloui … c’est quoi déjà, son titre ??
La vie princière, oui bien sûr, quel bel hommage à madame de Lafayette !
Quelle belle écriture !
Le même nombre de pages !
La délicatesse et la galanterie n’ont jamais paru dans la littérature française depuis longtemps avec tant d’éclat que dans ce roman …

Aujourd’hui

Aujourd’hui

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Roses pétales
beauté parfum
gourmandise
gelée transparente et odorante
de pétales de rose
hmmmm
oh aille
le dilemme
découdre les roses
éclater le jupon
lacérer la robe
charpie de chiffonnier
sirop pourpre
sucre floral
cuisine massacre
confiture divine

une tasse de thé
un toast de rose confite
saveur souvenir
les beaux jours de printemps
au coin du feu de l’hiver
que choisir, que faire ?
renoncer
profiter de l’instant
la saison des roses fraîches
qui fanent doucement
dans le jardin

et en cuisine
pas de violence !

C’est la fête des mères !

Hier, aujourd’hui, demain

Hier, aujourd’hui, demain

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Entendu hier à la radio un écrivain jardinier philosophe
Marco Martella

Enthousiasme de l’écouter
je partage :

Le jardin est étroitement lié au temps
Le jardinage est un plaisir de l’instant et un plaisir futur.
Le jardinier se projette, travaille pour les mois à venir, avec une inquiétude, un grand souci dans le sens du soin.
Et le temps fait, défait, transforme, déforme et reforme …

je vais quitter mon jardin un moment pour ce jardin des livres qu’est une librairie, afin de me procurer le livre de Marco Martella :

      Un petit monde, un monde parfait

Et j’ai commandé le numéro 7 de sa revue Jardins dont j’ai régulièrement parlé ici dans le passé, cette revue paraît comme un enfant dans une famille, une fois par an.

« Au risque d’ennuyer grave », je reprends les mots de Françoise Héritier, je ne blogue plus que côté jardin ce printemps, car j’y suis chaque jour.
Pour un résultat imparfait, fantaisiste, bizarre, je crois que le jardin souffre du même syndrome que la jardinière !

Le temps agit et nous dépasse
Ce palmier en fleur était une graine qui a germé n’importe où, j’ai repiqué le petit plan il y a quinze ans.
De même pour tous les autres dans le jardin, ils poussent aussi nombreux que les petits gâteaux du même nom à la biscuiterie de Fouesnant !

Une clématite est partie à l’assaut du chanvre d’un palmier velu, et du lierre lui a emboîté le pas, laissons faire …

Hier fleurissaient les tulipes, aujourd’hui la terre est nue, dans un proche demain je planterai de nouveaux bulbes.
Le temps et ses surprises

aujourd’hui

aujourd’hui

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hopala, mon jardin m’étonne
les couleurs détonnent,
entonnent le printemps
et fanfaronnent

Petite azalée prend son aise
Je l’ai ramenée il y a vingt ans d’un séjour en Allemagne
jumelage
des peuples et des fleurs
j’avais calé mon petit pot dans l’autocar
modeste Blümchen rose fuschia
aujourd’hui devient kolossal !

Cette année pour la première fois
mon rosier que j’ai ramené des Pays-Bas
orange bien sûr
s’épanouit en même temps que l’azalée
floraison synchronisée
l’Europe s’entend mieux dans les jardins !

aujourd’hui

aujourd’hui

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Bleu
la note dominante du jardin
la note bleue est-elle une bonne note ?

Longtemps, pendant tout l’Ancien Régime, les notes scolaires furent des couleurs
elles étaient trois
noir = insuffisant
blanc = moyen
rouge = satisfaisant

le rouge signifie plutôt l’erreur maintenant
le noir est à la mode et bien vu
le blanc reste à sa place, neutre, intemporel

bref, si la note peut être une couleur, la couleur n’a pas toujours la même note !

O bleu
ω violet
bleu poésie

Hier

Hier

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Un peu de sel, beaucoup de vie, dans ce livre de Françoise Héritier Le sel de la vie.

Au risque d’ennuyer « grave », comme elle dit, elle énumère au fil des pages tous les faits et gestes, toutes les images et les impressions, qui lui ont laissé des souvenirs, sucrés ou salés, tout au long de sa vie.
Un côté notes de chevet, journal intime, bonheur des listes.
Un brin de nostalgie.
Je ne me suis pas du tout ennuyée, comme nous sommes toujours un peu le lecteur de nous-même, j’ai eu plaisir à me retrouver dans cette lecture.

Françoise Héritier cite les expressions que nous n’employons plus, comme par exemple fricassée de museaux.
Une jolie tournure que j’utilisais souvent pour désigner ce ragoût de tendresse, les joyeuses embrassades.
Mais cuisine-ton encore aujourd’hui une simple fricassée ?

aujourd’hui

aujourd’hui

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aujourd’hui ce mot : prolégomènes
où est-ce qu’il nous mène ou plutôt qu’ils nous mènent ?
Ce mot est en effet masculin pluriel.
Il est pourtant singulier !
jeu de légo littéraire
mots mystères imbriqués
on ne comprend pas toujours ces petits phénomènes
de pensée condensée
censés éclairer la buée narrative

Ils coiffent le haut de la page
chapeaux de paille d’italique
donnent le la à la voix du chapitre
en ouvrent la voie
on les oublie vite

malgré tout « l’un » d’eux m’a marquée dans ma jeunesse
Dans Le Rouge et le Noir
j’avais treize ans et lus ceci au chapitre XXIII

      La première loi de tout être, c'est de se conserver, c'est de vivre. Vous semez de la ciguë et prétendez voir mûrir des épis !
      Machiavel

C’était machiavélique, je l’avais recopié dans mon carnet intime, j’étais la proie de pensées terribles. Les êtres humains autour de moi me faisaient tant peur.
Je n’étais heureuse qu’au milieu des fleurs.

Aujourd’hui

Aujourd’hui

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Fleurs en trompette
cuivre rutilant
instrument à vent de fleurs
vent, souffle, couleur
langues de feu
Esprit
Que le vent céleste nous féconde, nous tourne vers autrui,

que le vent nous invente
que le souffle nous insuffle
une langue fraternelle
que le Verbe nous porte
nous soulève, nous allège,
pentecôtons notre vie !

aujourd’hui

aujourd’hui

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aujourd’hui jour blanc
mariage princier
qui mobilise tous les écrans
tous les journaux, tous les billets
même le mien !
Et pourtant je ne suis pas fiévreusement pas le tralala
quelques photos dans le Paris Match chez le dentiste l’année prochaine me suffiront.
Cependant j’aime ces belles histoires, qui donnent du baume au coeur dans une actualité si violente.
Nous avons besoin de fraîcheur candide
de bonheur princier
de roses blanches par milliers.

Aujourd’hui

Aujourd’hui

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aujourd’hui est un jour bleu
la fleur dresse le grand pavois
hisse la couleur
qui me dépasse
qui m’étourdit
je ne trouve pas de mot assez plein
assez fort
pour ce ton saturé, intense, insensé
thaumaturge

Hier

Hier

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Hier, j’ai planté des géraniums jusqu’à l’épuisement
de mes sacs de terreau et de mes forces.
Je me suis fournie chez un horticulteur pittoresque,
amoureux de ses fleurs.
Chez lui on descend au coeur de la Bretagne profonde,
les serres couvrent le pré, on y parvient par un petit chemin de terre, muni d’une brouette en bois comme on n’en fait plus,
pétunias, pélargoniums, bégonias, verveines et autres campanules ont remplacé les Marguerite aux pis noirs.
Les charpentes des étables de granit se courbent sous le poids des ans, des intempéries atmosphériques, et économiques.
Une grande chienne nonchalante et allaitante nous accueille et nous suit jusqu’à la nurserie végétale.
Le jardinier me choisit les plants les plus solides, m’explique comment les pincer, les rempoter en jardinière,
il les cale délicatement, tendrement dans un carton,
ils sont encore fragiles, me dit-il de ses bébés, et je m’engage à prendre grand soin de ma pouponnière.
Il prend son temps, les clients patientent, on le sait, ne pas être pressé, pas de carte bancaire, pas de prix affichés, confiance,
on n’est pas à la jardinerie où l’on charge soi-même son caddie, où la caissière nous expédie avec empressement et panique quand il lui manque un code-barre.

Photos décalées, des azalées de mon jardin, parce que cette année elles sont épatantes !

hier

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Hier j’ai retrouvé un livre que je cherchais depuis la mort de son auteur.
Depuis novembre 2017.
Françoise Héritier, Le goût des mots

Il y a quelques années, j’avais appris à connaître cette femme anthropologue avec son livre intitulé Le goût des mots.
Aimé son approche sensuelle des mots, de toutes sortes de mots.

Et puis à l’automne dernier, un nouvel ouvrage paraissait dans lequel elle évoquait encore son amour des mots, de la vie, Au gré des jours.
On apprenait sa mort quelques jours après la sortie du livre, oh, tristesse !
A la librairie, son livre précédent, Le sel de vie, s’empilait au côté des deux autres, en hommage à l’écrivain défunt.
Le goût des mots
Le sel de la vie
Au gré des jours

Je possédais le premier, j’ai acheté les deux suivants.
De retour à la maison, je voulus former la trilogie dans ma bibliothèque …
mais le goût des mots avait surtout celui d’escampette, cachette, perte, disparition, interrogation, recherche … un goût d’agacement prononcé, j’ai horreur d’égarer mes livres.
Cette contrariété m’empêcha de lire les deux autres.

Il était là pourtant, sur l’étagère, mal classé certes, dans un petit coin sombre, je l’avais vu sans le voir, plus mince que dans mon souvenir.
Eh bien maintenant je vais lire les suivants !
Cette retrouvaille fait le sel de la vie, la lecture au gré des jours !

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